Qui est Violette DORANGE?

C’est le 17 avril 2001, à Rochefort (Charente-Maritime), qu’est née Violette Dorange, une jeune femme mesurant 1,60 m, incarnant toutes ces qualités. Ses parents, Carole et Arnaud Dorange, vétérinaires originaires de Paris, se sont installés à Pont-l’Abbé-d’Arnoult, où ils ont élevé leurs trois enfants.

La jeune Française, qui a fait ses premiers pas dans la voile à l’âge de sept ans à La Rochelle, n’a pas toujours été passionnée par ce sport qui définit aujourd’hui sa vie.
« Pour être honnête, au début, je n’aimais pas ça. Mais mon frère et ma sœur aînés faisaient déjà de la voile, alors j’ai fini par les suivre », raconte-t-elle avec un sourire.

Mais c’est à 15 ans qu’un événement extraordinaire s’est produit : elle a traversé l’emblématique Manche sur un petit Optimist, un bateau pour enfants de tout juste deux mètres de long et un mètre de large. Un exploit que beaucoup auraient jugé impossible pour quelqu’un d’aussi jeune. Un an plus tard, elle allait encore plus loin en défiant le détroit de Gibraltar.


« L’idée de traverser la Manche a commencé comme une blague avec son frère », raconte son père, Arnaud Dorange, avec fierté dans la voix. « Elle m’a dit qu’elle voulait faire quelque chose de fou, et ça m’a fait rire. Mais elle a pris cela très au sérieux. »

La traversée de la Manche a duré 15 heures d’efforts et de détermination. Chaque vague affrontée n’a pas seulement testé ses limites, mais a également éveillé quelque chose en elle.
« C’est pendant cette expérience que j’ai réalisé à quel point j’aimais le grand large », dit-elle, les yeux pétillants. « C’était absolument incroyable, un moment qui a tout changé. »

Depuis ce jour, sa passion pour la voile s’est transformée en une véritable mission, et l’océan est devenu la scène où elle écrit sa propre histoire.

Avec seulement 18 ans, en 2019, Violette Dorange est devenue la femme la plus jeune à traverser l’océan Atlantique en solitaire à la voile lors de la Mini Transat – l’une des compétitions les plus exigeantes au monde, disputée sur de petits bateaux de seulement six mètres et demi, sans assistance et dans une solitude totale.

La jeune navigatrice a démontré sa résilience et son courage en complétant la première étape de la course, de la France aux îles Canaries, surmontant un défi qui aurait mis à l’épreuve même les marins les plus expérimentés. Son pilote automatique a cessé de fonctionner, l’obligeant à rester des heures interminables à la barre, sans repos, les yeux constamment fixés sur l’océan. L’épuisement l’a poussée à ses limites – si extrême qu’elle a commencé à avoir des hallucinations. Mais elle n’a pas cédé. Elle n’a pas abandonné. Elle a franchi la ligne d’arrivée après une bataille solitaire contre l’océan et contre elle-même.

« Je n’ai pas peur de traverser l’Atlantique seule », a-t-elle affirmé avec détermination, alors qu’elle profitait de ses dernières heures de repos avant d’affronter la deuxième étape de la Mini Transat.

Violette a également laissé son empreinte dans une autre course prestigieuse, devenant la plus jeune femme à participer à la légendaire Solitaire du Figaro. À ceux qui pensent que Violette est arrivée par hasard au Vendée Globe, sachez que son histoire est immense, malgré ses 23 ans seulement.

C’est au printemps 2023 qu’un nouveau chapitre de courage et de détermination a commencé à s’écrire sur les océans. La jeune Violette Dorange, âgée de seulement 22 ans, a pris une décision audacieuse : avec le légendaire bateau IMOCA de Jean Le Cam, elle officialise son engagement dans le rêve de devenir la plus jeune femme à défier les océans lors du Vendée Globe 2024. Bien plus qu’une simple course, cette régate symbolise la force de ceux qui osent aller au-delà, affrontant l’inconnu avec passion et résilience.

C’est dans cet esprit qu’est né DeVenir, un projet qui dépasse largement le cadre de la voile – un mouvement sportif et social qui rassemble des personnes, des rêves et des opportunités. Des partenaires historiques se sont unis à cette mission, parmi lesquels le plus grand employeur de jeunes en France : les restaurants McDonald’s. Plus de 130 établissements de la chaîne ont adopté cette initiative, permettant à leurs collaborateurs de plonger pleinement dans une aventure extraordinaire. DeVenir ne consiste pas seulement à traverser des mers indomptables, mais aussi à inspirer et à transformer des vies, en promouvant des valeurs de dépassement de soi, d’inclusion et de travail d’équipe.

Chaque vague affrontée par Violette est aussi le reflet des luttes et des victoires de milliers de jeunes en quête de leur propre horizon. Et ainsi, portée par un vent favorable et un cœur guidé par la détermination, elle trace sa route vers l’impossible – prouvant qu’avec courage et ambition, aucun rêve n’est hors de portée.

Les femmes dans le Vendée Globe

Le navigateur français Philippe Jeantot, double vainqueur de la régate BOC Challenge – une course autour du monde avec escales –, s’est inspiré de la Golden Globe Race de 1968, la première régate autour du monde sans escales, sans assistance et en solitaire. Motivé par cette idée, il a décidé de créer le Vendée Globe, avec une particularité marquante : tous les bateaux partiraient en même temps et depuis le même port.

Pourquoi le nom Vendée Globe ?

  • Vendée – Point de Départ et d’Arrivée
    Le nom Vendée fait référence au département de la Vendée, situé dans la région des Pays de la Loire, en France. La régate, créée en 1989, est organisée depuis le port de Les Sables-d’Olonne, sur la côte vendéenne. Ce port est à la fois le point de départ et d’arrivée de la compétition, ce qui fait de cette région un élément central de l’identité de l’épreuve.
  • Globe – Circumnavigation autour du Monde
    Le terme Globe reflète l’essence même de la régate : un tour complet du monde, réalisé sans escales et sans assistance. Ce nom symbolise la dimension planétaire et le caractère exceptionnel de la compétition, où les skippers affrontent les océans Atlantique, Indien et Pacifique, ainsi que les conditions extrêmes autour des trois grands caps : le Cap de Bonne-Espérance, le Cap Leeuwin et le Cap Horn.

Après les tragédies et abandons des trois premières éditions, le Vendée Globe est devenu connu comme la course la plus dangereuse au monde, également appelée « l’Everest des Mers ». Actuellement, nous en sommes à la dixième édition du Vendée Globe, qui a vu la participation de 13 femmes au total au fil de son histoire.

En 1996–1997, deux participations féminines ont marqué l’édition :

  • Isabelle Autissier, la première femme à boucler un tour du monde en solitaire en compétition (lors de la BOC Challenge 1990–91). Cependant, au Vendée Globe, Isabelle n’a pas eu la même chance et a été disqualifiée après une escale au Cap pour réparer un safran endommagé.
  • Catherine Chabaud, qui s’est distinguée en devenant la première femme à terminer le Vendée Globe. Catherine a également participé à l’édition 2000–2001, mais n’a pas pu achever la course en raison d’un démâtage.

Lors de l’édition 2000–2001, Ellen MacArthur a atteint la meilleure position jamais obtenue par une femme dans le Vendée Globe, en se classant à la deuxième place. Cet exploit l’a consacrée comme une légende dans le monde de la voile.

Lors de l’édition 2004–2005, deux femmes ont participé : Anne Liardet et Karen Leibovici.

Pour les éditions 2008–2009 et 2012–2013, une seule femme était en compétition : Samantha Davies. Elle a obtenu une impressionnante quatrième place lors de sa première participation, mais a été contrainte à l’abandon lors de la seconde en raison de la casse de son mât.

En 2016, il n’y a pas eu de participation féminine au Vendée Globe. Lors de l’édition 2020–2021, un record historique a été établi avec la présence de six femmes, ainsi qu’un autre exploit : la meilleure performance féminine dans une course autour du monde en monocoque, en solitaire. Clarisse Crémer a terminé la course en 87 jours, 2 heures et 24 minutes, réalisant un temps impressionnant.

Ont également participé à cette édition : Pip Hare, Miranda Merron, Alexia Barrier, Samantha Davies (qui, bien qu’elle ait été disqualifiée en raison de dommages, a bouclé le tour du monde hors compétition) et Isabelle Joschke, qui n’a pas pu terminer la course.

Pour 2024, Pip Hare rencontre des difficultés après la casse de son mât, mais restent en lice pour la qualification : Violette Dorange, Justine Mettraux, Samantha Davies (pour sa quatrième participation), Clarisse Crémer et Isabelle Joschke.

Lors de ces dix éditions de la régate, seulement neuf femmes ont réussi à boucler le tour du monde. Ellen MacArthur a vu ses larmes immortalisées, devenant un véritable symbole de la voile féminine. Avec une extraordinaire deuxième place dans l’une des épreuves les plus exigeantes à ce jour, elle a marqué l’histoire. Samantha Davies, avec son sourire contagieux, a apporté éclat et légèreté à la régate, adoucissant quelque peu son image de dureté.

D’autres participantes sont passées plus discrètement, mais elles ont illuminé les risques des défaites par leur courage et leur détermination. L’une d’entre elles a transformé la nuit en jour et 24 heures en une attente palpitante, rassemblant des milliers de personnes qui n’ont pas quitté le « stade fictif » même après l’arrivée des premiers concurrents, rendant chaque instant de la course significatif.

Violette Dorange a apporté la sérénité que nous recherchons tous, avec sa présence calme et inspirante.

Nous sommes ici, suivant une nouvelle édition du Vendée Globe, et nous exprimons notre gratitude à Philippe Jeantot et à la ville des Sables-d’Olonne pour tant d’années de ce spectacle autour du monde.

La Magie des Régates et le Rêve de la Liberté

Un jour, je me trouvais dans une station-service, dans une région très modeste du Brésil, en train de laver la voiture de mon père. Pendant que je travaillais, j’ai entendu un policier discuter avec un jeune homme qui attendait son tour pour laver sa voiture. Ils parlaient du Boat Show. Le jeune homme a mentionné que visiter le salon était très cher. Mais, avec un sourire et un éclat dans les yeux qui m’a surprise, il a répondu : « Je ne manque aucun salon. Je peux monter à bord des bateaux, les voir de près et rêver. »

Cette conversation m’a ramenée à mes propres souvenirs, me rappelant combien de fois je suis passée devant les portes des clubs nautiques et des marinas au Brésil, avec un regard éteint. Ces lieux, réservés aux membres, refusent à beaucoup l’un des plaisirs les plus simples et humains : admirer, rêver et nourrir l’âme avec émerveillement.

Au Brésil, environ 90 % des bateaux de compétition ne sont pas pilotés par leurs propriétaires, mais par des skippers professionnels engagés par de grandes marques, un peu comme en Formule 1. Ces événements ne sont pas seulement des compétitions ; ce sont des plateformes pour le développement technologique et l’innovation dans la voile. La sécurité s’améliore, les solutions techniques évoluent et des réponses émergent sur bien d’autres questions que l’art de régler une voile.

Mais si le monde se limitait à des utopies où tous seraient égaux dans la pauvreté, comme à Cuba, au Venezuela ou en Corée du Nord, peut-être serions-nous simplement assis à fumer, regardant la mer et rêvant de liberté. Cependant, c’est le développement – allié au marketing – qui transforme les rêves en réalité et rend des histoires comme la mienne possibles.

Moi, Izabel Pimentel, j’ai rêvé de nombreuses fois de participer au Vendée Globe, mais comment négocier avec de grandes marques, quand on ne me permettait même pas de prendre un café dans un club nautique ? Pourtant, j’ai toujours cru que les régates de cette envergure ne sont pas uniquement une affaire de technique. Elles existent pour inspirer, pour faire briller les yeux de ceux qui, même sans moyens, osent rêver – parfois pas de participer à la régate, mais simplement d’être en mer.

C’est là le pouvoir du marketing. Revenons aux bateaux : même si beaucoup d’argent et de technologie y sont investis, c’est Violetta qui a vraiment enchanté. De la même manière que des photographes peuvent capturer un même objet de façons différentes, peu ont le talent de transformer une image en pure poésie, comme un Sebastião Salgado le ferait. De la même manière, les régates allient effort, douleur et dépassement, traduits en divertissement, en images inspirantes et en stratégies de marketing brillantes qui émeuvent et connectent des millions de personnes.

Les régates ne sont pas seulement des compétitions. Ce sont des récits de résilience, de force et de beauté. C’est le regard de la douleur dans des situations extrêmes, transformé en poésie par le talent des photographes et la créativité des marketeurs. Quand le protagoniste n’est pas seulement un être humain, mais une fleur, une Violetta, tout devient magique.

J’aime les régates. Indépendamment de la pollution ou de l’argent – des questions insignifiantes comparées à l’impact positif que ces histoires apportent au monde. J’ai toujours rêvé de traverser les mers du Sud. Ce n’était pas pendant le Vendée Globe que j’ai réalisé ce rêve, mais à bord d’un vieux bateau français, un Romanée. J’ai pleuré de joie, malgré le froid et la douleur qui avait presque nécrosé mes pieds. À cet instant, j’ai ressenti la véritable signification de la liberté.

Les régates permettent cela : rêver. Et les rêves ne sont pas nourris par des utopies vides, mais par le développement, le marketing et l’inspiration. C’est grâce à cet émerveillement, venu des écrans de télévision ou d’ordinateur, que j’ai atteint mes plus grands objectifs.

Les régates sont avant tout un spectacle qui nous apprend à croire en l’impossible. Et cela, en soi, est déjà une victoire.

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Réflexions de Noël

Ceux qui me connaissent savent combien j’ai toujours aimé garnir la table de Noël. Parfois, je rentrais du travail à midi le 24 décembre, je courais au supermarché et, malgré tout, la table était toujours bien fournie. Mais, depuis que j’ai déménagé sur l’île, je me suis éloignée de ces célébrations. Ici, Noël est devenu un dîner comme les autres.

Un jour, mon mari a invité quelques amis à passer Noël avec nous, et j’ai eu une énorme honte. Je n’avais préparé qu’un simple petit poulet, et il m’avait prévenu à la dernière minute.

Hier, j’ai décidé de faire quelque chose de différent. Je suis allée dans la cuisine et j’ai fait un gâteau – chose rare. En neuf ans sur l’île, je peux compter sur les doigts d’une main les fois où j’ai fait ça. J’ai aussi essayé de préparer une salade composée, mais le résultat n’a pas été très satisfaisant. J’ai cuisiné un rôti, qui a finalement sauvé le dîner, ainsi qu’une tarte salée. Cependant, en regardant autour de moi, j’ai remarqué que je n’avais rien acheté pour décorer – même pas des serviettes spéciales.

Pendant que je cuisinais, les larmes ont commencé à couler. Souvent, en effilochant le poulet ou en préparant la viande, je faisais un geste qui m’était naturel : offrir un petit morceau à ma chienne Shaquira, qui était toujours à deux mètres du fourneau, attentive et patiente. Je pensais que je gérais bien mon deuil, mais cette perte m’a profondément marquée. Je ne sais pas si « perturbée » est le bon mot, mais, entre les larmes, je ne trouve pas d’autre terme.

Mon mari est arrivé dans la cuisine, et nous avons dîné ensemble. Il essayait de me réconforter tout en répondant aux appels et messages d’amis et de proches souhaitant un Joyeux Noël. J’ai fait de même : j’ai envoyé quelques messages et passé seulement deux appels.

J’ai pris nos plus belles assiettes et servi un dîner pour deux. Mon mari a insisté pour que nous allions chez une amie, mais j’ai préféré rester. Il est resté aussi. Il m’a pris dans ses bras et m’a demandé pourquoi je pleurais, mais je n’ai pas pu répondre.

Plus tard, j’ai lu un article de la PUC du Rio Grande do Sul, dans lequel la professeure Angela Seger expliquait :
« Le deuil se manifeste à travers une série de réactions qui incluent des réponses émotionnelles (sentiments de tristesse, culpabilité, colère, autocensure, anxiété, nostalgie), cognitives (pensées de doute, confusion, inquiétude) et comportementales (troubles du sommeil, de l’appétit, isolement social, agitation, pleurs, évitement des souvenirs). »

Elle a souligné que ces manifestations sont naturelles et attendues, et que ce processus doit être vécu pour que les transformations nécessaires puissent se produire. Seger a mentionné cinq étapes importantes :

  • Accueillez vos émotions et observez-les.
  • Renforcez le contact avec les personnes significatives, en construisant un réseau de soutien.
  • Établissez de nouvelles routines, à votre rythme.
  • Prenez soin de votre santé physique, mentale et spirituelle.
  • Cherchez de l’aide si la douleur persiste, entrave votre quotidien ou affecte votre santé mentale.

Aujourd’hui, le 25, je me suis levée à 6h, j’ai préparé un café et commencé à travailler. Après tout, j’ai un voyage à planifier et beaucoup de choses à faire. Dans le salon, j’ai regardé les urnes contenant les cendres de Mimi et Shaquira. La vie continue, et nous devons apprendre à accepter la perte – comme m’a dit une amie qui a perdu sa fille et son mari. La mot perte est si profonde qu’elle ressemble parfois à une compétition : gagner ou perdre.

Je pense que nous devons apprendre à vivre avec les souvenirs, plutôt qu’avec le sentiment de manque. La douleur est la nôtre, le sentiment d’absence est le nôtre, et même l’absence de chaleur est quelque chose que nous ressentons de manière égoïste. Peut-être que ce dont j’ai besoin, c’est de libérer mes émotions et de permettre à ma chère Shaquira de reposer en paix.

Parfois, ce dont nous avons besoin, c’est de sortir de notre propre « moi » et de regarder autour de nous. Facile à dire, mais difficile à faire. Essayons.

Quel a été votre cadeau de Noël ?

Le mien n’a pas été un objet apporté dans les bras de mon mari, car Noël n’est pas une question de cadeaux, mais de fraternité. Regardez autour de vous. Un simple geste peut faire toute la différence.

Joyeux Noël !

Le dernier jour .

J’étais aux côtés de mon père dans ses derniers jours. Si je devais résumer son dernier regard en un mot, ce serait désespoir. Le désespoir, cet état de conscience qui perçoit une situation comme sans issue, un sentiment d’absence totale d’espoir.

Quand nous sommes arrivés à l’hôpital public de Nova Friburgo, il y avait 16 personnes allongées sur des brancards. Mon père fut installé sur l’un d’eux. Il a regardé autour de lui et poussé un soupir de soulagement. « Au moins, je ne serai pas seul ici », a-t-il dit, avec un regard différent de celui qui l’avait conduit jusqu’à cet endroit.

À mesure que les jours passaient et que le moment de l’adieu approchait, son regard devenait plus fixe, plus vide. Ce n’était pas vraiment de la tristesse, mais plutôt une absence totale d’espoir. Toute notre vie, nous avons vécu portés par ce mot : espoir. Dans l’ascension de l’existence, nous espérons tant de choses, mais un jour, le dernier jour finit par arriver.

Il s’est soudain redressé, d’un mouvement brusque, comme s’il voulait s’enfuir en courant. J’ai essayé de l’enlacer, mais les médecins l’ont emporté avant que je ne puisse le toucher à nouveau. Je l’ai vu partir vers la salle de soins intensifs, d’où il ne reviendrait jamais avec des mouvements.

Hier, j’ai revu ce même regard. Alors que je tentais par tous les moyens de la faire manger, elle me regardait seulement, angoissée. Chaque fois que je m’éloignais, ne serait-ce que pour aller aux toilettes, elle pleurait. Ma chienne, Shaquira, était elle aussi désespérée. Même si elle ne comprenait pas vraiment la signification de ce sentiment, elle ressentait la douleur et l’impuissance, l’absence des mouvements qui lui permettaient auparavant de bondir, de courir sur les volcans, à la poursuite des chats et des lapins.

La peur de la solitude transparaissait dans son dernier regard.

Comment oublier ce regard ? Ou ses gémissements ? Comment accepter que je ne la reverrai plus jamais ?

Les larmes coulent sans prévenir, à des moments inattendus. Comme lorsque je tombe sur un cadre photo de mon père, où il contemple fièrement une photo qu’il avait lui-même prise. Je fixe son image et je pense au temps. Le temps qui a façonné la douleur de sa perte, et qui semble maintenant entamer une autre œuvre. Une œuvre où la douleur, la nostalgie et les souvenirs se transformeront, peu à peu, en un sourire discret.

Repose en paix, ma chère Shaquira.

Je trouve un certain réconfort dans le souvenir de cette dernière nuit. J’avais placé un matelas à ses côtés, passé la nuit à tenir sa patte et à caresser sa tête. Peut-être que je n’ai pas réussi à changer son regard, mais je suis sûr d’avoir réchauffé son cœur. Cette nuit-là, il battait plus fort que jamais.